La gymnastique et les TCA
- AK
- 10 juil. 2024
- 4 min de lecture
Anorexie, boulimie, hyperphagie, orthorexie, bigorexie, tous ces noms font partie de la famille des troubles du comportement alimentaire.
Les plus connus sont l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie.
En gymnastique, beaucoup de jeunes filles sont touchées par les TCA.
Il s’agit d’un milieu propice au développement de ces derniers. En effet, quand on entend à longueur de journées « tu es trop grosse » « perds du poids » « tu es trop lourde » « tu as raté ta compétition, parce que tu es trop grosse » « va courir pour perdre du poids » « grosse truie » « tu as les fesses trop lourdes » et j’en passe.
Tous ces commentaires, je les ai entendus et j’en ai été moi-même victime. « Quand vous arrêterez la gym, nous deviendrez toutes obèses » etc … Des paroles chocs et blessantes pour tout le monde, sportif, ou non. Des paroles qui ne devraient même jamais être prononcées. Des paroles qui blessent et qui laissent des traces surtout psychologiques.
Le monde est la gymnastique, à mon époque, était malsain concernant ces types de commentaires. Je ne sais pas si cela a changé aujourd’hui ou non, mais j’espère que les jeunes générations ne subissent plus tout ce que ma génération a subi. Je sais en revanche que certains entraîneurs font encore des commentaires sur le physique des gymnastes. Les réseaux sociaux ne sont pas non plus tendres à ce sujet. Beaucoup de personnes se cachent derrière leur écran pour critiquer que ce soient les performances ou le physique des gymnastes. Sachez que le sport de haut niveau est un environnement compliqué.
Les sportifs s’entraînent dur tous les jours, et font face à des difficultés souvent méconnues du grand public. Il y a des hauts et des bas, des victoires et des défaites, des bons et des mauvais moments, des blessures, des retours difficiles, des baisses de motivation, et parfois des victoires. On ne voit, de l’extérieur, que des sourires, des encouragements. Mais personne ne sait vraiment ce que tel ou tel gymnaste traverse pour arriver à son niveau actuel.
Le corps est notre outil de travail. Nous essayons d’en prendre soin comme nous pouvons, mais il ne faut pas oublier que les gymnastes sont des jeunes filles en pleine croissance. Beaucoup d’entres nous ont eu ou craignent de grandir et de faire leur puberté, car depuis petite on leur répète sans cesse qu’avoir ses règles fait prendre du poids.
Beaucoup cherchent donc des stratégies pour retarder au maximum cette puberté.
J’ai fait partie de ces filles qui cherchaient sans cesse des solutions pour ne pas « grandir ».
Et cela est passé par l’alimentation, car en contrôlant cette dernière, je savais que j’arriverai à contrôler mon corps. Au début, cela passe par manger moins, puis on enlève des groupes d’aliments, puis on mange encore moins et le cercle vicieux est lancé. Les pesées deviennent quotidiennes puis pluriquotidiennes, l’activité physique dans la salle de gym ne suffit plus.
Le focus est uniquement sur l’alimentation, plus que sur les entraînements. Les calories sont comptées à longueur de journée et il ne faut surtout pas dépasser le seuil fixé par soi-même. Mais un jour, malgré tous ces efforts, la puberté arrive et on prend du poids, ce qui est normal. On commence à se détester de plus en plus, on voit le poids sur la balance augmenter, son corps changer. Les commentaires deviennent de plus en plus blessants. On se restreint et on se sent impuissant face à ce corps qui change. Les efforts ne sont plus « récompensés » par la perte de poids.
A toutes les jeunes gymnastes qui passent par là. Il s’agit d’une période normale, certes pas facile, mais chaque jeune fille y passe un jour ou l’autre. Votre corps va se réguler automatiquement. Il faut lui faire confiance. Je sais que c’est facile à dire, et je n’ai jamais réussi à lui faire confiance. Aujourd’hui encore je bataille contre lui et j’ai du mal à en faire mon allié. Mais j’ai espoir que cela changera un jour.
Je sais que beaucoup de gymnastes se retrouveront dans mes écrits. Alors si vous lisez ces quelques lignes, sachez que tout va s’arranger. Il faut du temps et il faut se faire confiance. Parfois, il est essentiel de se faire accompagner pour passer cette étape difficile, et il n’y a pas de honte à cela. Je suis toujours suivie pour mes TCA. J’espère en sortir un jour. Parfois cela me paraît impossible, mais d’autres jours, je me dis que je vais y arriver. L’espoir fait vivre dit-on.
Alors, ensemble, combattons les TCA. Il est important de faire de la prévention pour que les choses changent. Pour que les mentalités évoluent encore plus. Je sais que certaines choses ont déjà été mises en place et cela me réjouit, mais le travail est encore long, surtout quand je lis vos témoignages.
On ne parle pas non plus de l’après carrière. La relation avec notre corps, si elle n’a pas été mauvaise pendant nos années de gym (ce que je vous souhaite), peut le devenir à la fin d’une carrière. La fin de l’activité physique intensive, la remise en question sur sa vie, la découverte de la vie hors du sport de haut niveau, se découvrir soi-même peut être une période compliquée. Notre corps, à la fin d’une carrière a besoin de se reposer et de souffler. Inutile de faire des heures d’activités physiques pour brûler des calories, vous vous blesserez. Inutile de vous restreindre encore plus, car cela va augmenter vos TCA. Je sais encore une fois que c’est facile à dire, mais toutes ces erreurs, je les ai faites.
Aujourd’hui, j’ai beaucoup appris de mes erreurs du passé et je veux vous les transmettre afin que cela ne vous arrive pas. Je suis toujours disponible pour discuter si vous avez besoin.
Prenez soin de vous, et faites vous confiance.






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